Aide aux personnes endeuillées

Dans cette page, vous trouverez toutes les informations relatives aux formalités et démarches à effectuer lors d'un décès. Nous vous prodiguons également des conseils pour faire face à la perte d'un enfant, qu'il s'agisse d'un décès naturel, d'une perte par suicide ou encore comment expliquer la mort à un enfant. Nous comprenons à quel point ces épreuves peuvent être difficiles à traverser, c'est pourquoi nous mettons à votre disposition des ressources et des conseils avisés pour vous accompagner dans ces moments douloureux. N'hésitez pas à consulter nos articles dédiés à chaque situation spécifique afin d'obtenir une aide adaptée à vos besoins.

Vous cherchez de l'aide ?

Lorsque la mort survient, la famille doit accomplir un certain nombre de démarches obligatoires qui jalonnent et conditionnent les funérailles.

vous êtes en deuil après La perte d’un enfant

La mort d'un enfant est une tragédie qui chamboule tout l'ordre établi. C'est une épreuve d'une violence inouïe, difficilement imaginable.

vous êtes en deuil après un suicide

Perdre quelqu'un de cette manière peut être extrêmement difficile et douloureux.

les Manifestations du deuil

Le processus de deuil est unique à chaque individu et il n'y a pas de durée précise pour le traverser.


La mort expliquée aux enfants

Dans cette section, il est abordé la relation à la mort par les enfants en fonction de leur âge

Livres pour enfants

Il est important d'aborder le sujet délicat de la mort avec les enfants, en utilisant des livres adaptés à leur âge.

Le constat de décès et la déclaration du décès
Envoi de l’avis de décès
Où se procurer les documents administratifs demandés ?
l’organisation des obsèques et Les autres documents à demander
Quelles démarches après
les obsèques ?
Financement des frais d’obsèques
Le 3939, service de renseignement administratif par téléphone, délivre des informations sur les droits, obligations et démarches à accomplir.
Le constat de décès et la déclaration du décès

~~ Si le décès survient au domicile ~~

Faire constater le décès par un médecin avant tout soin apporté au corps du défunt.
• Tout médecin appelé par la famille est compétent pour établir le certificat médical de décès. Celui-ci doit être rédigé sur le modèle établi par le ministère chargé de la santé. .Exceptionnellement, dans quelques grands centres urbains, l’officier d’état civil a spécialement désigné des « médecins de l’état civil », seuls habilités à constater le décès et à établir le certificat médical.
• Le décès ne doit pas poser de problème médico-légal qui entrainerait la suspension de toutes les opérations funéraires, par exemple lorsque la mort a eu lieu dans des circonstances suspectes. Cette suspension ne peut être levée que par le procureur de la République et le certificat de décès sera délivré par le médecin requis par l’autorité judiciaire.
• Si cela est possible et que la famille le souhaite, le corps peut rester au domicile jusqu'au jour des obsèques. Des opérations nécessaires à la conservation du corps seront à réaliser, dans les plus brefs délais, par des professionnels des pompes funèbres.
Déclarer le décès
• Le décès doit être déclaré dans un délai de 24 heures (jours ouvrables) auprès du service de l’état civil de la mairie du lieu de décès.
• L’acte de décès sera établi par l’officier d’état civil de la commune où le décès a eu lieu, sur la déclaration d’un parent du défunt ou sur celle d’une personne possédant sur l’état civil du défunt les renseignements les plus exacts et complets possibles (article 78 du code civil). C’est pourquoi, il est souhaitable que le déclarant présente des pièces d’état civil du défunt et en particulier le livret de famille qui pourra être ainsi mis à jour.
• Pour la déclaration, il est nécessaire de se munir du certificat de décès, du livret de famille du défunt, à défaut toute autre pièce précisant son identité (carte d’identité, extrait d’acte de naissance…), sa filiation, sa dernière situation matrimoniale, son adresse, sa profession, une carte de séjour s’il y a lieu.

~ Si le décès survient dans un établissement de soin ~

• Le médecin de l’établissement constate le décès et établit aussitôt le certificat médical de décès.
• L’établissement de santé s’occupe, généralement, de faire la déclaration de décès au bureau d’état civil de la mairie et ceci gratuitement (loi n° 2009-526 du 12 mai 2009). De plus, il doit informer dans les plus brefs délais la famille du défunt.

~~ Si le décès survient à l’étranger ~~

• Dans la plupart des pays étrangers, la législation locale exige que le décès soit déclaré auprès des autorités locales de l’état civil. Il est vivement conseillé de faire en plus une déclaration auprès du consulat de France dans le pays où est survenu le décès ou de demander aux services consulaires la transcription sur leurs registres de la mention du décès.
• Ces formalités permettent ensuite de porter la mention du décès sur l’acte de naissance français.
• Si la famille demande le rapatriement, c’est le consulat qui se charge de toutes les formalités. Pour toute information, s’adresser au Ministère des Affaires Etrangères, Service des Français à l’étranger. Selon le lieu du décès, le rapatriement se fait par avion ou par route. Un cercueil hermétique réglementaire est obligatoire dans les deux cas et des soins de conservation peuvent être exigés. Pour le transport par avion, la tarification du transport dépend de la compagnie aérienne et sera faite sur la base d'un forfait par rapport au poids. Pour le transport par route la tarification se fait en fonction du kilométrage aller et retour.
• Les frais de retour du corps ou des cendres, ou bien ceux découlant d’une inhumation sur place, sont à la charge de la famille.
• Les funérailles doivent avoir lieu 6 jours ouvrables maximum après l’arrivée du corps en France (sauf dérogation préfectorale).

~~ Le transport du défunt en chambre funéraire ~~

• Sauf cas particulier, le défunt peut être transféré en chambre funéraire avant la mise en bière. C'est un lieu d'accueil pour la famille et les proches. Tout est organisé pour veiller le défunt et se recueillir. C'est aussi un établissement équipé du matériel nécessaire à la conservation du défunt et ce jusqu'au jour des obsèques.
• Ce transport vers le domicile du défunt, la résidence d’un membre de sa famille ou une chambre funéraire, est autorisé, quel que soit le lieu de dépôt initial du corps, par le maire du lieu de dépôt du corps. Cette autorisation est subordonnée, d’une part, à la demande de toute personne qui a qualité pour pourvoir aux funérailles et peut justifier de son état civil et de son domicile, et d’autre part, à la reconnaissance préalable du corps par cette personne.
• Si le décès est survenu dans un établissement de santé, cette autorisation est subordonnée à l’accord écrit du directeur et à celui du médecin.
• Les opérations de transport doivent être achevées dans un délai de 24 heures maximum à compter du décès si le corps n’a pas reçu de soins de conservation. Le délai est porté à 48 heures lorsqu’il en a subi. Ce délai court à partir de l'heure du décès, indiquée par le médecin sur le certificat de décès.

~~ Séjour en chambre funéraire ~~

• La durée du séjour dans une maison funéraire est en moyenne de trois jours, temps correspondant généralement à l'intervalle qui sépare le décès des funérailles. La maison funéraire devient ainsi le lieu de séjour du défunt et remplace la demeure familiale.

l’organisation des obsèques

Vous avez 6 jours maximum pour organiser les obsèques.

• Vérifier si le défunt avait souscrit une assurance obsèques. Si tel n’est pas le cas, vous pouvez choisir une société de pompes funèbres qui s’occupera de tout pour le monument funéraire, le cercueil, la mise en bière (fermeture du cercueil) et le transport vers le cimetière ou le crématorium. Il peut être utile de comparer les prix et de demandez un devis qui est souvent accessible en ligne sur les sites internet des fournisseurs.
• Vérifier si le défunt avait fait le choix d’un don de son corps à la médecine afin de procéder aux démarches nécessaires.

Les autres documents à demander

L’autorisation de fermeture du cercueil

• La fermeture du cercueil est autorisée par l’officier d’état civil du lieu de décès ou du lieu de dépôt du corps.

Les autorisations particulières
Elles sont nécessaires dans les cas suivants :

Transport du corps après mise en bière
Lorsque, après la mise en bière et la fermeture du cercueil, le corps doit être transporté dans une autre commune, l’autorisation de transport est donnée par le maire de la commune où a eu lieu la fermeture du cercueil. Et ceci, quelle que soit la commune de destination à l’intérieur de la France métropolitaine et quel que soit le mode de sépulture, inhumation ou crémation.

Inhumation dans un cimetière communal
Celle-ci est autorisée par le maire de la commune du lieu d’inhumation, quelle que soit la commune où est intervenu le décès. L’inhumation doit avoir lieu entre 24 heures au moins et 6 jours au plus après le décès. Les dimanches et les jours fériés ne sont pas comptés dans ce calcul de délais.

Les bons de travaux pour le cimetière
Selon le règlement de cimetière, le bon de travaux est souvent nécessaire à la police du cimetière. Il permet en effet au maire, ou au conservateur qu’il a délégué pour cela, de vérifier que l’inhumation a lieu au bon endroit, et que les inscriptions sur le monument respectent la décence et le bon ordre. Article R. 2223-8 du CGCT.

Crémation
Celle-ci est autorisée par le maire de la commune du lieu de décès (décret 2007-328 du 12 mars 2007) ou s’il y a eu transport du corps, par celui de lieu de mise en bière. Elle est accordée sur présentation des pièces suivantes :
• L’expression écrite des dernières volontés du défunt ou à défaut la demande de toute personne qui a qualité pour pourvoir aux funérailles et pouvant justifier de son état civil et de son domicile
• un certificat du médecin ayant constaté le décès et affirmant que celui-ci ne pose pas de problème médico-légal.

La crémation doit avoir lieu entre 24 heures au moins et 6 jours au plus après le décès. Les dimanches et les jours fériés ne sont pas comptés dans ce calcul de délais.

Les extraits d’acte de décès
Ces extraits sont nécessaires en de nombreuses circonstances (succession, capital décès, employeur, caisses,….). Ils sont délivrés par le bureau d’état civil du lieu de décès.


1 La mention de la famille ou les proches en charge des obsèques et de l’annonce du décès
L’usage est de commencer par le conjoint(e), puis les enfants ou petits-enfants, et enfin les autres membres de la famille et/ou l’entourage proche (amis, collègues). Exemples : « M et Mme X ont la tristesse ; ont l’immense tristesse ; ont la profonde douleur… … de faire part du décès de… »
2 Le défunt
On indique les prénoms, nom et âge/date de naissance du défunt, ainsi que le jour et lieu du décès. Il est également possible de mentionner les circonstances du décès.
3 La cérémonie
On indique la date, le lieu et l’heure de la cérémonie religieuse ou civile. Mais aussi s’il s’agit d’une crémation ou d’une inhumation, le repos au funérarium dans l’attente des funérailles, la présence d’un registre de condoléances au cimetière, au crématorium, etc...
4 Les volontés spécifiques du défunt ou de la famille
Concernant les fleurs, les couronnes, les plaques, les dons à une association, la restriction à l’entourage proche, etc.

Une annonce dans la presse peut-être envisagée dans la rubrique des carnets. Contacter directement la presse souhaitée.

Envoi de l’avis de décès

Au-delà de l’annonce du décès et éventuellement de ses circonstances, l’avis ou faire-part de décès permet de communiquer rapidement toutes les informations pratiques concernant les obsèques : date et lieu de la cérémonie, inhumation ou crémation, présence souhaitée ou non de l’entourage, souhaits du défunt ou de sa famille concernant les fleurs, les couronnes, les plaques, les dons à des associations…
L’avis de décès contient généralement :

Quelles démarches après les obsèques ?

Une personne touchée par un deuil doit entreprendre, très rapidement après le décès,

de nombreuses démarches pour remplir ses obligations et

faire valoir tous ses droits.

Dans la semaine qui suit le décès, prévenir :

• L’employeur ou les Assedic
• Les organismes bancaires et organismes de crédit
• Les assurances sur la vie
• Les caisses de retraite (demande de pension de réversion)
• En cas de PACS, le greffe du tribunal d’instance qui délivrera un document attestant de la dissolution du Pacs et la date de celle-ci
• Et, d’une façon générale, tous les organismes qui effectuent des versements sur le compte personnel du défunt
• Le notaire du défunt (pour les volontés du défunt concernant l’organisation des funérailles, le testament...)
• Faire mettre à jour le livret de famille à la mairie de son domicile

Dans le mois qui suit le décès

• Faire valoir ses droits au capital décès auprès de la sécurité sociale et des caisses de retraite
• Prévenir la mutuelle
• Prévenir tous les organismes « payeurs » pour les sommes encore dues au défunt
• Prendre rendez-vous avec le notaire pour organiser la succession afin d’éviter tout risque de retard dans le paiement des droits éventuels de succession
• Saisir le juge des tutelles, si une personne mineure est impliquée dans la succession
• Prévenir la poste et faire un renvoi de courrier si besoin

Dans les 3 à 6 mois qui suivent le décès, prévenir :

• La caisse d’allocations familiales
• Le centre des impôts
• Les assurances
• Le propriétaire de logement du défunt et les locataires de celui-ci s’il y a lieu
• Les organismes d’abonnement (eau, électricité, gaz, téléphone, ….)

Faire transformer le compte joint en compte personnel.

Demander le cas échéant l’immatriculation du conjoint auprès de la sécurité sociale.

Faire modifier le nom de la carte grise si le conjoint conserve le véhicule.

Etablir et déposer au centre des impôts dont dépendait le défunt :
• La déclaration de revenus du défunt ou du couple pour la période ayant couru du 1er janvier jusqu’au décès
• La déclaration de succession (dans le cas où il n’y a pas d’intervention d’un notaire)

Demander l’imprimé d’allocation veuvage.

Demander la pension de réversion.

Fermer les comptes ouverts sur les réseaux sociaux.

Faire la demande d’un capital décès aux organismes concernés

Où se procurer les documents administratifs demandés ?

Extrait de l'acte de décès
Disponible à la mairie du lieu de décès.
S’adresser au conseiller funéraire qui a organisé les obsèques ou à la mairie du lieu de décès

Extrait d'acte de naissance
Disponible à la mairie du lieu de naissance ou au Ministère des Affaires étrangères si vous êtes français né à l'étranger.
Se rendre sur place ou faire une demande par écrit en indiquant vos nom, prénom(s) et date de naissance. Joignez une enveloppe timbrée à votre adresse

Certificat d’hérédité ou de notoriété
Chez le notaire ou, selon les usages locaux, à la mairie du domicile de l’héritier demandeur.
Présentez le livret de famille du défunt et l’acte de décès. La présence de deux témoins (sans lien de parenté avec le demandeur), munis de leur carte d’identité peut être exigée

Certificat de concubinage
A demander à la mairie du domicile du défunt.
Présenter un justificatif d'identité (carte d’identité, passeport) et de domicile commun (quittance de loyer, de téléphone...)

Attestation du PACS
A demander au tribunal d'instance où le PACS a été enregistré. Présenter un justificatif d'identité

Acte de mariage
Disponible à la mairie du lieu de mariage
Aller sur place ou faire une demande par écrit en indiquant les nom et prénom(s) des conjoints et la date du mariage.
Joindre une enveloppe timbrée à vos noms, prénom(s) et adresse

Justificatifs de salaire
Disponible auprès de l'employeur
Faites une demande par écrit d'attestation d'emploi et de salaire perçu

Financement des frais d’obsèques

Aides au financement :

De nombreux organismes existent pour vous aider à faire face. Vous pouvez vous tourner vers des organismes publics comme la sécurité sociale ou des assurances privées.

• La sécurité sociale
Si le défunt était salarié et en activité au moment de son décès, les ayants droit bénéficient d'un capital. La demande auprès de la sécurité sociale est à l'initiative des ayants droit dans des délais précis
• Les assurances en cas de décès
Si le défunt avait souscrit une assurance en cas de décès, les bénéficiaires touchent le capital décès prévu, dans des délais variables selon les organismes.
De plus, certaines banques proposent dans leurs produits un capital en cas de décès. Ce capital est en général lié au solde du compte au jour du décès. La démarche auprès des assureurs est à l'initiative des ayants droit. Cela évite aux ayants droit d’avoir en plus à supporter une dette dans ce moment difficile.
• Le contrat obsèques
Il est possible que le défunt ait souscrit à un contrat de prévoyance obsèques. L’information peut se trouver dans ses papiers
• Les mutuelles
Certaines mutuelles comprennent des conditions qui prévoient le versement d'une somme destinée aux frais d'obsèques, et certaines d'entre elles pratiquent le tiers-payant avec les entreprises de pompes funèbres
• La commune
Toute commune a l'obligation d'assurer gratuitement les funérailles (inhumation ou crémation) des « personnes dépourvues de ressources suffisantes ». Dans ce cas, les proches peuvent consulter un(e) assistant(e) social(e) avant de signer le contrat avec l'entreprise de services funéraires

Prélèvement sur le compte du défunt

• Avant le règlement de la succession et en fonction des conventions de banques, les entreprises de services funéraires sont autorisées à effectuer un prélèvement sur le compte du défunt à concurrence de 3050€, pour financer tout ou partie des obsèques, à condition que celui-ci soit suffisamment approvisionné

Ce qu’il faut savoir

Devis d’obsèques

• La règlementation (arrêté du 11 janvier 1999) indique que les entreprises de pompes funèbres sont tenues de fournir un devis à toute personne qui le demande, devis qui doit être gratuit, détaillé poste par poste et mentionner le caractère obligatoire ou non des prestations.

Coût moyen des obsèques

• Aujourd’hui, le prix moyen en France est de 3700 € pour une inhumation (sans l’achat de concession et sans les frais de monument) et de 2500 € pour une crémation, avec dispersion des cendres.
http://revolution-obseques.fr/obseques propose des obsèques « low cost » à 789 Euros TTC
Obligation des enfants :
Un enfant doit payer les frais d’obsèques de ses parents défunts même s’il a renoncé à la succession (Cass. Civ. 1 du 14/05/1992, pourvoi N° 90-18-967).

vous êtes en deuil après La perte d’un enfant

La mort d’un enfant bouleverse l’ordre des choses…
C’est une des épreuves les plus terribles que l’on puisse vivre. Vous vous demandez si vous pourrez y survivre.

Vous êtes submergé par votre chagrin

La mort de votre enfant fait s’écrouler vos espoirs, vos projets d’avenir, vos rêves. Il était la meilleure partie de vous-même. Ne refusez pas votre souffrance, votre chagrin. Ces sentiments sont naturels comme votre envie de mourir. Vous avez le sentiment que le monde s’est arrêté. Tout est vide.

Vous êtes abattu, prostré : vous ne pouvez plus avancer : à quoi bon ?

Parlez de votre enfant autant que vous en avez envie auprès des personnes qui savent vous écouter

Vous sentez que rien ne sera plus comme avant

Il va falloir vivre avec ce malheur. A certains moments vous refuserez d’y croire, comme s’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve. Vous avez fait un enfant pour la vie. Vous n’avez pas pu l’empêcher de mourir : vous vous sentez totalement impuissant, écrasé par cette impuissance.

Une foule de sentiments pénibles
vous envahit en plus de la douleur et du chagrin

  • La révolte : il n’est pas normal de mourir si jeune, de mourir avant ses parents

  • La colère contre la vie, contre le monde entier, contre les autres et contre vous-même

  • La culpabilité : on se reproche toujours de n’avoir pas pu sauver son enfant puisque nous, les parents, sommes là pour le protéger

  • La confusion, la peur, des sentiments d’abandon peuvent aussi apparaître

Vous vous sentez complètement épuisé

C’est normal. Essayez de prendre soin de vous, de respecter vos limites, de vous arrêter, de vous reposer, de pleurer en pensant à lui, à elle.

Ne refusez pas de vous faire aider, même pour les petites choses matérielles, parfois bienfaisantes.

Essayez de ne pas vous renfermer

Exprimez ouvertement votre chagrin, mais avec des personnes qui peuvent vous comprendre, et ne cherchez pas à vous consoler avec des lieux communs, des clichés qui font très mal.

Parlez de votre enfant autant que vous en avez envie auprès des personnes qui savent vous écouter

N’essayez pas de chasser son souvenir

Ce n’est pas possible. Honorez son souvenir, commémorez son anniversaire. Gardez ses objets qui vous font du bien aussi longtemps que vous voudrez. Mais la date anniversaire de sa mort est toujours très douloureuse, tout comme les fêtes de fin d’année où les absents sont terriblement présents.

Livres pour enfants

Une sélection de livres qui aidera votre enfant à parler de la mort, vivre un deuil et oser vous poser des questions

La représentation de la mort dans la littérature jeunesse

Une sélection d’albums jeunesse pour accompagner les enfants lors d’un deuil, et mettre des mots sur ce grand mystère qu’est encore pour eux la mort.

- liens à consulter :

www.eirene.chu-lille.fr.

www.milkmagazine.net/article/12-livres-pour-parler-de-la-mort-aux-enfants/

Le cimetière des mots doux , Agnès Ledig & Frédéric Pillot

Un album sur l’amitié, l’absence, le deuil… abordés avec une grande délicatesse.

Agnès Ledig, avec la sensibilité et l’empathie qui la caractérisent, raconte par la voix d’une petite fille, Annabelle, le parcours de Simon, son amoureux atteint de leucémie, et les émotions qu’elle ressent. Avec des mots simples et justes, Agnès Ledig aborde un sujet très difficile, la mort d’un enfant malade et l’indicible chagrin de son amie.

Nos petits enterrements, Eva ERIKSSON et Ulf NILSSON, Edition Lutin Poche Ecole des Loisirs

A partir de 7 ans

Deux enfants ne savent pas quoi faire jusqu'au moment où ils trouvent un bourdon mort. Alors Esther décide de lui creuser une tombe. Et puisque le "monde est plein de morts", les enfants se dévouent pour enterrer toutes ces « bêtes mortes ».
A partir de cette constatation, les auteurs posent les questions fondamentales au sujet de la mort et y répondent très simplement. Ils abordent le rituel de la mort à travers le jeu des enterrements. Un jeu très sérieux.
Chaque nouvelle bête morte à enterrer aborde une nouvelle problématique liée la mort.
Le livre est plein de vie; les illustrations rendent comptent des émotions éprouvées par les enfants et du mouvement permanent qu'est la vie.

Est-ce que tout le monde meurt? , Lynne PION, Editions du Trèfle à quatre feuilles

Dès 6 ans

Ce petit fascicule est le récit touchant de Célia, une petite fille qui se pose des questions au sujet de la mort.
Célia s'adresse à d'autres enfants qu'elle interpelle à certains moments clés de sa réflexion. Elle discute de l'amour, de l'amitié, de la mort et de la complexité des émotions à travers sa relation avec ses grands-parents qui vont mourir brutalement dans un accident de voiture. Elle explore le deuil, et tente de comprendre que la mort est universelle, inévitable. Avec simplicité, sensibilité, vérité et respect.

La visite de la petite mort , Kitty CROWTHER, Edition lutin poche, Ecole des loisirs

A partir de 5 ans

"La mort est une petite personne délicieuse. Mais ça personne ne le sait."
Cette phrase d'introduction provocatrice interpelle notre croyance sur la mort. Ce livre tient aussi de la gageure car son auteur présente la mort comme une amie avec qui il fait bon vivre. Mais il nous enseigne aussi que la mort n'est qu’un passage pour aller vers une autre vie que l'on choisit.
Elwise la petite fille malade décide donc d'aider les autres à partir en devenant un ange au doux visage. Les dessins sont explicites et accompagnent fort bien le texte par leur réalisme et les questions qu'ils peuvent soulever eux aussi.
Un livre qui fait bouger la conception de la mort.

La caresse du papillon , Christian VOLZ, Edition Rouergue

A partir de 5 ans

Le livre traite du veuvage et de l'alcoolisme, du deuil à faire après la mort de la maman et de l'épouse. Le fils interroge le père, le père a du mal à sortir de son chagrin. Mais bien que morte "mamama" veille sur eux.
Les illustrations sont des photographies de personnages et objets réalisés par bricolage avec du fil de fer et autres matériaux. C'est inventif et expressif.

Un nœud à mon mouchoir , Bette WESTERA et Harmen VAN STRAATEN, Edition Milan jeunesse

A partir de 5 ans

Antonin a cinq ans, son grand-père vient de mourir. Aujourd'hui c'est le jour son enterrement. Les souvenirs affluent dans la mémoire de ce petit garçon car ce grand-père inventait des jeux qu'ils partageaient ensemble. Antonin s'interroge sur la vie après la mort. C'est à lui de trouver ses propres réponses car les adultes ne sont pas d'accord entre eux. Mais lui, Antonin se sent fort car son grand père l'accompagne dans ses pensées.
Un joli livre pour traiter de ce moment des obsèques qu'il est bon que les enfants vivent pour aller plus solidement de l'avant dans la vie.

Envolée , de Corinne DREYFUSS, Edition Frimousse

C'est un livre à faire parler, une histoire sans paroles, accessible dès 4 ans. Il met en images l'histoire d'une famille de rouges-gorges dont la maman meurt brutalement.
Tout l'intérêt du livre réside dans les mots que l'enfant va utiliser pour raconter ce qu'il perçoit à travers les illustrations, les échanges qu'il aura avec les personnes qui l'entoureront.
Les dessins aux tons pastels de cette histoire sans paroles sont simples, belles et douces. Elles incitent à la mise en mots du deuil à faire pour retrouver le goût de la vie.
A feuilleter sans limite.

Adieu, Monsieur Câlin , Ulf NILSSON et Anna-Clara TIDHHOLM, Edition OSKAR jeunesse.

A partir de 5 ans

Un cochon d'Inde raconte sa vie, une petite fille s'interroge sur la mort puisque son cochon d'Inde est vieux, qu’il peut mourir subitement. Ce livre présente le déroulement du rite mortuaire et s'enrichit des interrogations qui habitent chacun de nous.

Ma Maman Ourse est partie, René GOUICHOUX et Olivier TALLEC, Edition les P'tits albums du Père Castor.

A partir de 4 ans

Comment accepter le décès d'une maman ? La tempête qui détruit la maison des ours reflète l'inexprimable douleur de la perte de maman ourse pour l'ourson et son papa. Le cœur vide, l'oursonne se sent abandonnée. Aller de l'avant et reconstruire, c'est ce que propose papa ours à son oursonne.

Léo et Lionnie, Catherine LAFAYE-LATTEUX et Mattéi GUBELLINI, Edition Anna Chanel

A partir de 4 ans

Léo est un chat qui vient de perdre sa maîtresse. Il est en peine, et inconsolable jusqu'au jour où la vie met sur sa route Lionnie, un tendre cœur d'or de petite fille. Alors doucement, Léo reprend gout à la vie.
Les illustrations sont sobres, les regards expressifs, les couleurs sont douces, le texte poétique. Un livre qui aide à vivre un deuil.

Les couleurs de la vie, Margareth WILD et Ron BROOKS, Edition Pastel- Ecole des loisirs

A partir de 4 ans

Le livre parle des derniers instants de la vie de la grand-mère de Rosaline, un petit cochon. Toutes les deux savent que la mort va les séparer, alors elles vivent ces derniers instants en savourant la vie avec sensualité et tendresse.
Les illustrations reflètent tendresse et amour de la vie. Un livre qui donne envie de vivre intensément en conscience l'instant présent.

Le visage de grand-père , de Allen SAY, Edition Ecole des Loisirs

A partir de 8 ans

C'est un album de grande taille dont la couverture interpelle; elle est de couleur grise, très sobre. Seul le visage d'un petit garçon souriant l'éclaire.
Sam rentra de l'école. La maison paraissait étrange et vide à présent. Il a peur de partir comme son grand-père. Et voila que le matin au réveil ... qui voit-il dans le miroir ?
Etrange histoire que celle qui arrive à Sam. Elle traduit l'angoisse de vieillir qu'il ressent quand être vieux veut dire mourir.
Un livre qui pose le problème de l'identité et de la filiation, une épreuve sur le chemin de la construction de soi. Il laisse le lecteur perplexe et interrogatif.

C'est quoi mort ? , Olivier de SOLMINIHAC et Isabelle BONAMEAU, Edition Mouche de l'école des Loisirs.

les Manifestations du deuil

Le processus de deuil est une étape inévitable dans la vie d'un être humain suite à un événement traumatisant, tel que la perte d'un être cher, la mort, la fin d'une relation amoureuse ou la perte d'emploi. La disparition d'un proche est un choc émotionnel violent et la vie ne sera plus jamais la même. Cependant, notre cerveau possède des mécanismes de reconstruction qui nous permettent progressivement de retrouver une vie normale. Ces mécanismes ont été étudiés et décrits en 1969 par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross dans son livre "sur le chagrin et le deuil". En se basant sur l'observation de 200 patients atteints de maladies mortelles, elle a identifié les différentes étapes par lesquelles ils sont passés et comment ils ont finalement accepté leur situation. Ces étapes comprennent le choc initial, le déni, la colère, la tristesse et enfin, l'acceptation. Le processus de deuil est unique à chaque individu, mais il est important de reconnaître et d'accepter ces différentes étapes pour permettre une guérison émotionnelle.

La façon de vivre chacune des étapes du deuil est propre à chacun, en fonction de sa personnalité, de son vécu, de la situation... Ces étapes représentent un schéma général qui sera différent pour chacun, dans sa manifestation, son cheminement ou sa durée.

Par exemple, ces différentes étapes peuvent être vécues dans un ordre différent, ou dans un ordre non linéaire avec des retours arrières éventuels.

  1. Le choc

    Un deuil est une expérience profondément bouleversante. C'est un moment où la douleur et la tristesse nous submergent, nous laissant souvent sans voix. Perdre un être cher est une épreuve difficile à surmonter, car cela signifie dire adieu à une personne qui a occupé une place importante dans notre vie. Les souvenirs, les liens et les moments partagés deviennent encore plus précieux, alors que l'on réalise à quel point cette personne nous manquera. Le deuil peut se manifester de différentes manières, allant de la tristesse intense à la colère et à l'incompréhension. Il est important de se donner le temps de pleurer, de se rappeler et de guérir. Finalement, le choc du deuil peut nous amener à réfléchir sur la fragilité de la vie et à apprécier davantage chaque instant précieux que nous avons avec nos proches.

  1. Le déni

    Cette phase consiste à refuser, de façon consciente ou inconsciente, d'admettre la réalité qui vient d'être annoncée.

    La personne peut sembler absente ou perdue dans ses pensées, déconnectée de la réalité présente.

    Cette phase est généralement courte mais intense.

    Parmi les deux cent patients mourants que nous avons interviewé, ils réagissaient de façon similaire avec cette phrase, “Non, pas moi, ce n’est pas possible”.

  2. La colère

    Une fois que la réalité de la situation n'est plus contestable vient la phase de colère. La personne peut éprouver un sentiment de colère ou d'injustice envers elle-même ou envers les autres, comme l'équipe soignante par exemple.

    Si une personne que vous connaissez vient de subir un deuil, il est important de connaître cette phase pour ne pas vous étonner ou pour ne pas prendre personnellement un changement de comportement violent de la part de cette personne.

    Lorsque le déni n’est plus possible, il est remplacé par un sentiment de colère, de rage et de ressentiments chez les patients.

  3. Le marchandage

    Il s'agit d'une phase plus spirituelle ou la personne va tenter de trouver des alternatives pour faire revenir la personne, comme par exemple en se tournant vers dieu ou un pouvoir supérieur.

    Cette phase est liée à la constatation de son impuissance, mais l'espoir d'un retour arrière est encore présent. Il s'agit essentiellement d'une phase d'illusion.

    Lors de nos interviews sans audience, nous avons été surpris du nombres de patients ayant promis de “dédier leur vie à Dieu” ou “au service de l’Église” en échange de plus de temps.

  4. La dépression ou tristesse

    Lors de cette phase commence l'acceptation de la situation. La personne se rend compte que c'est inévitable, qu'aucun retour arrière n'est possible et qu'aucun pouvoir supérieur n'y pourra rien. La personne plonge donc dans une grande tristesse, voire dépression.

    Cette phase est généralement la plus longue, et il peut y avoir des retours arrière vers le marchandage ou la colère. Elle peut paraître interminable tant les émotions peuvent paraître insurmontables.

    Il est important de rester proche et en soutient aux personnes qui se trouvent dans cette phase car elles ont tendance à s'isoler et à se couper du monde, parfois fortement.

    Le patient en phase terminale ne peut plus nier sa condition. Il doit faire face à davantage d’examens et d’hospitalisation. Lorsqu’il observe de plus en plus de symptômes ou devient de plus en plus faible et maigre, il ne peut plus en rire.

  5. L'acceptation

    Il s'agit de la dernière étape du processus de deuil. La personne accepte la situation, s'y résigne et commence à se reconstruire vers une vie normale.

    La personne commence à retrouver son énergie et à sortir de son isolement. La vie se réorganise sans la personne perdue.

    Si le patient a eu assez de temps et a été accompagné lors de ses précédentes phases, il atteint la dernière étape du deuil. Lors de laquelle il n’est ni déprimé ni énervé à propos de son “destin”. Elisabeth Kübler-Ross

La mort expliquée aux enfants

Est-ce que tu crois que tout le monde meurt ? Moi aussi je vais mourir ? Et toi maman tu as quel âge ? Tu vas mourir bientôt ? Où on va quand on est mort ? C'est quoi être mort ? Pourquoi on doit mourir ? Tu crois que Mamie a froid dans son cercueil ? Tu crois qu'elle viendra pour mon anniversaire ? Les questions des enfants sur ce sujet sont nombreuses même s'ils ne les formulent pas toujours.

La société a beaucoup changé en peu de temps dans son rapport à la mort. Nos grands-parents mouraient chez eux entourés de leur famille, de leurs voisins de ceux qu'ils aimaient. Les enfants étaient présents, la mort était vécue comme la fin de la vie, un phénomène naturel, ce qui n'enlevait rien à la douleur. Un décès brutal sans avoir pu parler à ses proches avant de mourir était une mort redoutée. Aujourd'hui, la mort ne doit pas faire de bruit, elle appartient de moins en moins au mourant et à sa famille, elle se passe dans les hôpitaux, les maisons de retraite nombreuses personnes meurent seules et ne sont pas entourées de leurs proches. Elle est devenue l'affaire des spécialistes, médecins pompes funèbres. On voit bien que la mort est cachée, escamotée, elle se passe en silence. Aujourd'hui, l'idéal est une mort rapide, sans souffrance dont on ne s'apercevrait pas.

Comment parler de la mort avec les enfants?

C’est un questionnement que l'on retrouve chez de nombreux parents ou adultes en charge de l'éducation d'enfants. La mort d'un membre de la famille, d'un ami ou même d'un animal familier est une épreuve difficile, le deuil est un processus douloureux aussi bien pour l'adulte que pour l'enfant. Les enfants vivent le deuil différemment des adultes, mais ils le vivent. Les enfants ressentent le chagrin et réagissent différemment selon leur âge, leur expérience passée avec la mort et la façon dont ils ont été préparés avant le décès ou pas du tout.

Comment les enfants construisent-ils leur représentation de la mort ?

Les enfants n'ont pas une représentation de la mort identique à celle des adultes. Lorsqu'un événement traumatique comme la mort d'un proche ou d'un animal vient rompre leur rythme de vie, les blessures de l’âme, la souffrance du cœur et de la mémoire sont réelles et constituent des blessures psychiques invisibles avec lesquelles les enfants endeuillés doivent apprendre à vivre. Tous les chercheurs s'accordent à dire que l'enfant évolue d'une conception allant de la dénégation de la mort en tant que processus final, inévitable et universel à son acceptation en tant que telle vers la préadolescence. L'âge, le développement cognitif, affectif, moteur, le milieu social, l'expérience d'un deuil ou pas, sont autant de facteurs qui vont influencer l'évolution du concept de la mort.

De 0 à 2 ans.

A cet âge, l'enfant ne peut se représenter la mort, il la vit, la subit comme une absence, une séparation, un abandon. Ils vont souffrir sur le plan sensoriel de cette séparation et peuvent développer des angoisses qui seront des angoisses d'abandon. A ce stade, l'enfant crée des liens principalement par le biais du corps, c'est cette relation qu'il arrive à concevoir. L'enfant de cet âge a une perception aiguë de tout changement dans l'atmosphère familiale lorsqu’une personne proche décède. Il est donc important d'expliquer avec des mots simples ce qui se passe. Un parent peut expliquer qu'il est triste, perdu dans ses pensées, expliquer à son enfant « que ce n'est pas à cause de lui mais que le décès d'un proche vous attriste car vous l'aimiez beaucoup, qu'il vous manque » et faites-lui un gros câlin. Il ne comprend pas le sens des mots mais il comprend que vous lui expliquez quelque chose et cela va le rassurer car il ressent ce que vous vivez. Dans le cas où l'un des deux parents vient de mourir, s'assurer qu'il y ait une personne aimante comme personne substitut capable de répondre à leurs besoins primaires: nourriture, affection, sécurité.

De 2 à 6 ans.

A ce stade, l'enfant pense à la mort mais n'en parle pas forcément. Il ressent que la mort fait souffrir car il voit ses parents tristes quand un décès arrive. L’enfant acquiert le langage et la symbolisation (vers 18 mois), il fait des liens de cause à effet et découvre « y a pu». C'est la période de la pensée magique, l'enfant interprète tout par rapport à lui, il se pense seul au monde, responsable de tout ce qui peut arriver autour de lui et croit fermement que ses paroles suffisent à provoquer les événements. Si dans un moment de colère, il en vient à souhaiter la mort d'une personne et que cela se produit, il peut s’attribuer la responsabilité de ce décès et être convaincu que son comportement a eu l'effet d'une baguette maléfique; que s'il avait été plus gentil, plus sage, plus obéissant, la personne morte serait encore vivante. L'enfant peut mettre en place de la culpabilité.

A ce stade, les enfants ne maîtrisent pas la notion du temps, on peut le voir à travers leurs questions très concrètes: «Est-ce qu'il a froid? Qu’est-ce qu'elle mange? Est-ce qu'il peut parler? Est-ce qu'il viendra à mon anniversaire?»
La mort est temporaire et réversible, la notion de jamais plus n'est pas comprise quand on meurt « c'est pas pour toujours » et de ce fait l'enfant peut avoir des comportements qui nous désarçonnent à l'annonce de la mort d'un proche: joie, rire... L’enfant repart jouer après l'annonce de la mort d'un proche comme si de rien n'était, car il s'attend à revoir la personne. Cette idée que la mort est temporaire se retrouve très souvent dans les jeux d'enfants où la mort est mise en scène: «pan je te tue, tu es mort, tu t'allonges et tu restes allongé un peu... puis l’enfant se relève, redevient vivant et reprend le jeu.»

L'enfant avant 6/7 ans assimile la mort à l'immobilité, et confond mort et sommeil, quand on dort, on ne bouge plus, on a les yeux fermés, ce qui peut expliquer l'apparition d'angoisse au moment du coucher. Il est donc très important de dire que la personne ne dort pas et qu'elle ne reviendra pas.

Dans cette période, pour la majorité des enfants, la mort n'est pas perçue comme un phénomène naturel, on meurt parce qu'on a été tué ou par accident.

A cet âge, l'enfant croit la réponse qui lui ait donnée d'où l'importance de répondre avec franchise, clarté et simplicité.
Dans tous les cas, accueillir l’enfant dans ses réactions avec patience et amour.

Après 6 ou 7 ans.

Vers 6 ans, apparaît la notion de fantôme qui est en quelque sorte un intermédiaire sur le chemin qui va mener l’enfant à comprendre que la mort est un phénomène irréversible, une sorte de médiateur entre le monde de la vie et de la mort sous une forme presque humaine. Beaucoup d'enfants évoquent les fantômes à la fois de façon désirée et redoutée.
Après 6 ou 7 ans, l’enfant prend conscience du temps qui passe, il s'aperçoit qu'on ne peut pas revenir à hier ni s'arrêter sur maintenant, le temps est irréversible. Il prend conscience que lorsqu'on est mort c'est pour toujours. C'est un moment difficile car il perçoit qu'il ne reverra plus la personne morte. «On est mort pour toujours alors? »

Il comprend que la mort est un événement final, inévitable, il est capable de relier la mort à la vieillesse, la maladie à un accident. Il intègre le caractère inexorable de la mort, l'idée que tout le monde doit mourir un jour. Différentes angoisses peuvent survenir, notamment par rapport aux parents : « Je veux pas que papa et maman vieillissent après ils meurent...t'as quel âge papa?... tu vas mourir bientôt ? » Une petite fille de grande section maternelle 6 ans venait souvent dans ma classe chercher son frère en CM1, elle me confiait à chaque fois qu'elle ne voulait pas passer dans la grande école parce qu'après, me disait-elle, « je vieillis et je meurs.....et moi je veux pas mourir.... »

A ce stade, la vie sociale de l'enfant s'élargit et il commence à comprendre que tout le monde doit mourir et pas seulement quand on est vieux. C'est le caractère universel de la mort, la mort n'épargne personne, pas même lui et qu'elle peut survenir à tout moment. Cette découverte se fait vers 9 ou 10 ans et peut constituer un véritable choc. Il comprend que la mort est inscrite dans la nature comme la vie : naître, vivre et mourir...

L’enfant s’intéresse aux détails de la mise en terre et se pose des questions : « Qu'est ce qui se passe quand on est mort ? Y-a-t-il une vie après la mort ? Comment on sera sûr que je serai bien mort avant de m'enterrer ? Qu'est qu'il devient mon corps ? »

Quand parler de la mort avec les enfants.

Faut-il attendre la mort d'un membre de la famille pour aborder ce sujet ? On pourrait penser que le moment idéal pour parler de la mort est une situation de deuil. C'est la période la plus critique car ni l'enfant ni les parents ne sont capables de réfléchir sereinement. En effet, si le sujet n'a pas été abordé avant, il n'en sera que plus difficile. A la peine, la tristesse, la colère, s'ajouteront vos peurs par rapport à la mort et toutes les angoisses liées au « comment je vais l'annoncer à mon enfant ? »
Certains chercheurs pensent qu'il vaut mieux attendre que l’enfant pose des questions, s'il n'en parle pas ne pas lui en parler.
D'autres disent : si l'enfant pose des questions sur la mort c'est qu'il est en bonne santé. On peut s'interroger : pourquoi certains enfants ne posent pas de questions ? Ne sentiraient-ils pas que c'est un sujet tabou, ou que ça va rendre maman ou papa triste ?
Une petite fille de 9 ans qui voulait poser des questions à ses parents sur la mort s'est entendu répondre « tu es trop jeune pour qu'on en parle... tu ne peux pas comprendre, on en reparlera plus tard, quand tu seras plus grande... ». Ce n'est pas un exemple isolé.
L'enfant restera avec son questionnement, ses peurs.... il n'osera plus aborder ce sujet et pourra développer des angoisses, des peurs.

Il est nécessaire et important que les questions existentielles fondamentales comme la vie, la mort… puissent faire l'objet d'échanges verbaux avec les parents.
Si le dialogue a déjà été instauré, le jour où l’enfant et sa famille auront à affronter la mort d'un proche, il sera plus facile de partager avec des mots, des gestes la réalité de la situation, leur chagrin, leur désespoir …

Nous formons notre attitude vis-à-vis de la mort dès le bas âge, les parents ont donc besoin de commencer à éduquer leurs enfants sur cet aspect de la vie aussi.

Pourquoi est-ce difficile de parler de la mort avec nos enfants ?

Tout dépend comment, nous, enfant, avons été confrontés à la mort ou à l'angoisse de l'abandon. Les parents qui ont souffert dans l’enfance d'un divorce, d'un décès, d'un parent dépressif qui les aurait abandonnés psychiquement, ou toute autre perte, auront plus de difficultés à aborder le sujet parce qu'ils auront tendance à projeter leurs propres souffrances sur leurs enfants.
Peut-être n'avons-nous pas fait certains deuils ?
Cela nous renvoie-t-il à notre propre mort ?
Des appréhensions plus basiques tiennent à des idées trop répandues, peur de traumatiser l'enfant, de générer chez lui des angoisses..., protéger l'enfant de tout ce qui est lourd et triste. La mort est une question existentielle dont les enfants ont besoin de parler.
Il est de notre devoir en tant que parent ou adulte responsable de l'éducation d'enfants de parler de la mort, de leur expliquer que la mort fait partie de la vie.

Comment parler de la mort avant qu'elle ne survienne dans l'entourage proche ?

La mort fait partie de la vie et les enfants le comprennent très tôt. Dans la vie quotidienne, la vie comme la mort sont partout présentes, on pourra de ce fait saisir toutes les occasions qui se présentent pour parler de la mort aux enfants.
Quand la mort surviendra l’enfant aura déjà compris beaucoup de choses.
On pourra prendre l'exemple d'une plante qui bourgeonne, fleurit puis meurt, la mort d'un l'animal, le cycle de saisons, une histoire lue ou racontée, seront autant d'excellentes occasions pour ouvrir la discussion.
Si l'enfant est triste, le laisser manifester sa tristesse et l'encourager à exprimer ses émotions.
La mort d'un voisin, d'une connaissance, lui expliquer la peine que doit ressentir sa famille, attendre les questions de l’enfant.
Les livres qui abordent ce sujet sont d'excellents supports avant comme après la mort.
Une liste de quelques albums est en cours d'élaboration et sera donnée à la fin de cet article.

On peut insister sur le fait que la mort est inscrite dans la nature comme la vie, c'est un processus naturel, « tout naît et tout meurt » la mort arrive à tout le monde, souvent quand on est vieux, parfois quand on est jeune.
Les histoires que nous trouvons dans les contes, les albums vont permettre à l’enfant de parler de ses émotions de ce qu'il pense....L'enfant a besoin qu'on lui demande ce qu'il ressent.
Le livre est un support important qui va permettre à l'enfant de trouver des réponses aux questions qu'ils n'osent pas poser, cela permet de prendre du recul, c'est l'histoire d'un autre, des autres, avec leurs mots, et sera prétexte à la discussion avec l’enfant qui pourra dire ce qu'il a compris, comment il ressent les choses.
L'enfant peut s'identifier à un personnage de l'histoire et voir qu'il n'est pas seul à être seul et triste, à avoir peur, à être confronté à cette situation difficile.
Le livre lui montre que la mort est une chose naturelle, et que les sentiments ressentis face au deuil et à la mort sont normaux.

L'enfant peut demander et après la mort qu'est qui se passe ? Vous pouvez lui parler de vos croyances et lui expliquer que d'autres personnes peuvent avoir d'autres convictions.

Comment annoncer la mort d'un proche ?

Il est très important de le lui annoncer rapidement, plus vous attendrez plus cela risque être difficile.
Dites-lui avec beaucoup de douceur que cette personne est morte, qu'elle ne reviendra pas, qu'elle a terminé sa vie.
Les enfants ont besoin de concret, le mot mort est tout à fait approprié pour eux, ils n'ont pas accès au symbolisme de certaines expressions : « il est parti, il s'est endormi pour toujours, il a disparu, il est au ciel... ». Ce sont des expressions qui sont à proscrire.
Expliquez-lui qu'il ne verra plus cette personne, que cette personne ne sera plus présente physiquement mais qu'elle sera toujours dans son cœur, dans ses pensées.
Vous pouvez lui dire « son cœur a cessé de battre, il ne respire plus, il est mort ».
Si la douleur est trop grande pour vous, dites-lui simplement que vous êtes très triste et que vous lui expliquerez un peu plus tard.
Si cela est possible pour vous à ce moment-là, accueillez les questions de votre enfant, répondez lui avec simplicité et justesse en fonction de sa compréhension, « comment elle est morte ? » etc...

Mettez des mots SIMPLES ET VRAIS sur la situation. Le mensonge, les non-dits, les fabulations sont à éviter, ils ne protègent pas l'enfant et vont être source de souffrance, de douleur morale, d'un profond désespoir chez l’enfant qui perçoit très vite le décalage entre la réalité et ce qu'on lui dit de cette réalité.
L’enfant croit en la parole de l'adulte, si vous ne lui dites pas la vérité, il le ressentira comme une trahison et n'aura plus confiance en vous.
Expliquez, (mais sans détails morbides) les circonstances de la mort, maladie, accident... pour lui éviter de vivre la culpabilité.

Souvenez-vous des bons moments que vous avez partagés avec la personne défunte, regardez des photos, ces échanges seront bénéfiques pour l’enfant et pour vous.

Vous pouvez partager vos sentiments « nous avons beaucoup de chagrin, de peine, on est triste parce que nous aimions beaucoup Mamie…., c'est comme ça quand quelqu'un meurt ».

Dans tous les cas, ne laissez pas votre enfant seul, la meilleure façon d'aider votre enfant, c'est la communication en lui donnant des explications à la mesure de sa compréhension et de l'écouter. Gardez une continuité dans votre rythme de vie, des routines... ceci lui permettra d'avoir des repères rassurants.

Prenez soin de votre propre angoisse, car même si vous faites tout pour la cacher à votre enfant, celui-ci a des antennes tellement puissantes que cela représentera une source d'angoisse supplémentaire chez lui, n'hésitez pas à vous faire aider.

Ne cherchez pas à protéger votre enfant de la douleur ou du chagrin, le fait d'en parler amène l'enfant aussi bien que l'adulte à accepter la réalité.

Si vous ne connaissez pas la réponse à une de ses questions dites-lui simplement que c'est une question pour vous aussi et que vous n'avez pas la réponse.

Les différentes réactions de l'enfant.

L'enfant peut traverser une période de régression, refaire pipi au lit.... parler comme des bébés...
D'autres peuvent manifester de l’agressivité ou peuvent faire comme si de rien n'était et après l'annonce du décès d'un proche peuvent repartir jouer. Il est nécessaire d’être attentif afin que cette indifférence ne cache pas solitude et douleur.
Il peut y avoir une baisse de concentration, du repli sur soi, de la tristesse, de l'hyperactivité, de l'anxiété. Il est important d'informer l'enseignant de la situation.
Dans tous les cas, soyez présent, écoutez-le, aidez-le à dire ce qu'il ressent, soyez patient, entourez l’enfant de bienveillance et d'amour.
Surtout, ne lui dites pas comment il devrait se sentir ou ne pas se sentir, ne le culpabilisez pas de sentir ou pas telle ou telle émotion.
Si une personne proche est malade, en parler à l'enfant et suivre les étapes de la maladie, « les docteurs ont fait des examens à Mamie... et ils ont découvert une maladie grave, nous sommes très tristes. »
L'enfant posera peut-être des questions, « mais elle va guérir ? », bien lui dire, « on ne sait pas, les médecins la soigner mais c'est une maladie très grave, il y a de fortes possibilités qu'elle en meure ». Suivre l'évolution de la maladie sera une étape préparatoire lorsque le décès surviendra, l’enfant sera préparé.

Comment rassurer l'enfant dans ces moments là ?

L'enfant a besoin d'être rassuré, il est important de lui dire :
- qu'il n'est pas responsable (car c'est souvent ce qu'il tendance à penser surtout au stade de la « pensée magique ».
- qu'il n'est pas en danger de mourir lui aussi.
- qu'on va continuer à s'occuper de lui le mieux possible malgré les changements dans la famille car il sent bien que cette mort va entraîner des changements importants dans la vie familiale.
- qu'on va continuer à aimer, à penser à la personne disparue, qu'on ne va pas l'oublier.

L'enfant peut-il participait aux rituels funéraires ?

Il est important que l'enfant en tant que membre de la famille ne soit pas mis à l'écart à ce moment-là. Ce sont des moments qui appartiennent à la famille dans son entier, que la cérémonie soit religieuse ou civile, ils doivent y être associés et si possible en être acteur.
Permettez lui de participer aux différents rituels rattachés à la mort, la possibilité d'être intégré à ces événements et d'y être relié par des paroles ont un effet structurant sur l’enfant et même sur le bébé, (le simple fait d'enterrer l'animal de compagnie...).
Le fait de participer va lui permettre de mieux comprendre ce qui se passe, entendre des paroles, voir, des gestes tendres et réconfortants cela aide à concrétiser la réalité, à rapprocher les vivants, exprimer la peine, rendre hommage au défunt, intégrer la perte.
L’enfant va pouvoir ainsi assimiler le deuil en se fabriquant des souvenirs.

Si l’enfant le souhaite, il peut voir le corps du défunt, il est évidemment nécessaire qu'il soit accompagné par une personne de son entourage proche, l'un des deux parents ou une personne aimante en qui il a confiance et qui pourra le rassurer.
On peut proposer à l'enfant de réaliser une carte avec un dessin ou suivant l'âge et l'envie de l’enfant un écrit, des fleurs qu'il déposera auprès du défunt.

Que la personne soit enterrée ou incinérée, rassurer l’enfant et lui expliquer que c'est une tradition, que le corps est mort, qu'il ne ressent aucune souffrance, il n'a pas froid... le tombeau est un lieu de souvenir.

Lors de la cérémonie les enfants peuvent avoir des comportements qui peuvent nous déranger, s'agiter, courir,... inutile de les culpabiliser, ils sont eux aussi troublés. Lors de la cérémonie, il est nécessaire que l’enfant soit pris en charge par un adulte qui pourra le rassurer, lui expliquer que les personnes présentes ont besoin d'un moment pour se recueillir. L'emmener faire un petit tour, lui parler, calmera ses angoisses.

Attention, l'enfant n'est pas un adulte, il n'est pas non plus votre confident, si vous avez besoin de vous confier, faites-vous aider par votre entourage.
Certains enfants veulent aider les adultes en deuil, il très important de leur rappeler que c'est aux adultes de prendre soin des enfants et non l'inverse, mais ça va mieux en le disant.
Les adultes peuvent leur parler des personnes adultes sur lesquelles elles s'appuient et vont chercher du réconfort ou de l'aide.

Nous savons que la mort est inéluctable, n’en faisons pas un sujet tabou.

Bibliographie:

• Françoise DOLTO psychologue
• Docteur Ben SOUSSAN pédopsychiatre
• Michael Larra Psychiatre pour enfants
• Emmanuelle Huisman-Perrin
• M.H. Encrève Lambert (la mort)
• Claire Kebers psychologue
• Patrick Grosjean
• M.F. Bacque (l'enfant au cœur de l'absence)
• Sophie Gaudin et Christelle Gilquin (femmes d'aujourd'hui)
• Guy Cordier, psychiatre pédopsychiatre (l'enfant endeuillé)
• Marion Haza psychologue (l'enfant endeuillé)
• J. L. Hélu (psychologie du mourir et du deuil)
• Hélène Romano psycho-clinicienne (accompagner l'enfant sur le chemin du chagrin)
• Bowlby (attachement et perte)
• Grappa (deuil et traumatisme chez l'enfant et l'adolescent)
• Catherine Héry psychologue clinicienne (interview)
• Docteurs Sauver et Oppenheim
• Joe-Ann Benoit psychothérapeute
• Josée Masson (mort mais pas dans mon cœur)
• M. F. Bacqué (le deuil à vivre)
• L. Bailly (traumatisme psychique chez le jeune enfant et théories sociales infantiles)
• Hanus et Sourkes (les enfants en deuil)
• Moro (l'enfant face à la mort, ici et ailleurs)